La justice est écarlate | SCHALA

Schala est une athlétique jeune femme d'à peu près un mètre soixante-dix. Elle possède un visage aux traits fins, et à la peau pâle. Sa chevelure bleu foncée descend au milieu de son dos. Ses yeux sont bleus, un bleu clair et simple.
Elle est le plus souvent vêtue de l'armure de fonction des Grands Gardiens, et lorsqu'elle n'est pas sur le terrain, elle est vêtue d'une armure ornementale de très bonne facture, plus légère et laissant davantage voir sa peau, qu'elle a vraisemblablement adaptée avec des pièces qu'elle a commandées elle-même. Ses mains sont calleuses, pas vraiment celles d'une noble dame, même si Schala en a le maintien et l'allure.

Ses épaules sont en permanence recouvertes par une longue cape noire qui fait également office de fin manteau. Elle ne l'enlève quasiment jamais, ce qui amène les gardes à se demander si elle dort avec aussi.

Elle arbore un air fier et neutre, bien qu'elle ne s'empêche pas de sourire aux traits d'esprit ou aux situations qu'elle trouve amusantes. Cependant, lorsqu'elle revêtira l'armure de l'Ordre, elle restera loquace et plutôt sèche. Il lui arrive parfois de se détendre quelque peu en mission ou lorsqu'elle est un peu plus à l'aise avec quiconque l'accompagne, mais c'est rare.

Nerveuse et souvent sous tension, il n'est pas rare qu'elle se ronge les ongles ou qu'elle tapote du pied. Sa démarche est toujours rapide, comme si elle était sans arrêt en train de se dépêcher pour remplir quelconque tâche.

Schala possède un esprit naturellement curieux, le genre de mentalité idéale pour devenir alchimiste... si ce n'est sa totale incapacité a se concentrer sur une tache théorique. Schala ne sait pas trop d'où lui viennent ces difficultés, et en réalité, elle s'en moque. Les armes lui conviennent bien mieux. Curieuse, son envie d'aventure est difficilement contenue aux frontières de Khemeia. Mais elle n'a jamais vraiment eu le courage d'y aller seule.

Elle possède un sang-froid absolu, ainsi qu'une poigne solide, veillant de très près au bon fonctionnement de la brigade de Psythé et a la paix de son district. Tant de séverité cache une confiance en soi encore fragile : un chef non respecté par ses hommes est voué a faire échouer une brigade toute entière, apres tout.  Schala veut qu'on la respecte, quitte a faire du zèle, car elle est consciente de ne pas être très populaire pour le moment. Cette facette perfectionniste s'étend également aux autres aspects de sa vie : tout doit être parfait, tout le temps. Cela ne l'empêche pas d'être une interlocutrice sympathique en-dehors de l'armure, à l'esprit cynique (certains diraient aigri) pour ceux qui la connaissent bien. Elle n'a pas peur de vocaliser ce qu'elle pense, mais seulement une fois sortie du carcan de sa fonction. Elle est très prudente et choisit ses interlocuteurs avec attention. Soucieuse de ne pas froisser autrui, elle fait en général attention aux mots qu'elle choisit, mais il n'est pas rare qu'une maladresse ou deux lui échappe.

Intransigeante sur les questions de justice, elle possède un grand sens moral, qui va parfois a l'encontre des instructions qu'elle reçoit. Elle pense d'ailleurs être la seule à avoir raison sur ce genre de question, mais le respect de sa hiérarchie primera toujours sur le reste.

Etant issue d'une famille bourgeoise, Schala est riche; et ne s'en rend que rarement compte, prenant la fortune de sa famille pour acquise ; sa vision de la valeur de l'argent est, pour ainsi dire, quelque peu déconnectée de la réalité, et vu qu'elle travaille dans un district plutôt tranquille, elle n'a pas souvent eu l'occasion de côtoyer les gens plus modestes. Beaucoup de ses pairs de la Brigade la voient d'un mauvais oeil a cause de ça, considérant que seule une femme du peuple peut servir le peuple et l'écouter. Fraîchement promue, elle est plutôt impopulaire pour le moment, ses collègues la considérant comme une parvenue qui est arrivée là grâce à l'argent de sa famille.

Schala vit le jour au sein de la puissante famille Meriem, une famille de marchands alchimistes s'étant enrichie lentement mais surement au cours du siècle dernier. Sa venue au monde coïncidait avec les rumeurs qui couraient sur sa mère, Delia Meriem. On disait en effet qu'elle entretenait une liaison avec un officier de l'Ordre, mais de telles racontars étaient forcément relayés par des gens envieux de leur fortune désireux de briser l'unité familiale. De tout cela, Schala ne savait rien, et elle ignorait donc pourquoi ses parents faisaient chambre a part, ou pourquoi son père la regardait parfois comme s'il lui en voulait personnellement.

Heureusement, elle pouvait se reposer sur son frère. L'aîné, Aelan, suivait déjà les traces de son père, et venait d'intégrer la très sélective Académie d'Alchimie. Ses notes étaient déjà prometteuses, et les éloges des professeurs pleuvaient, en grande partie encouragées parce qu'Aelan venait d'une famille puissante. Il allait donc de soi que sa soeur le suivrait.
Si on ignorait encore lequel des enfants serait le meilleur de tous, on sut vite cependant qui ne le serait pas. Schala.

Contrairement à son frère et à leurs parents avant eux, elle se révéla très vite incapable de comprendre les opérations les plus élémentaires nécessaires à la maitrise de l'Alchimie. Cependant, l'argent de ses parents et le succès de son frère aîné fut un argument de poids pour la faire entrer.

Le séjour de Schala a l'Académie dura exactement trois mois, durant lesquels elle enflamma le manteau d'un professeur, manqua d'éborgner un de ses camarades à la suite d'une mauvaise manipulation, et enfin déclencha un incendie qui enflamma une aile entière de l'établissement. Elle revint tête basse a la maison sous les moqueries de ses frères, et la déception muette - mais immense - de son père.
Les portes de l'Académie lui étaient fermées a tout jamais, et elle sentait bien que ce n'était pas l'avenir que ses parents lui avaient prédit. Passer la journée la tête plongée dans des livres était d'un ennui mortel. Elle, ce qu'elle voulait, c'était manier l'épée, la lance, et partir explorer les confins de Khemeia.

A contrecoeur, son père lui accorda des leçons d'escrime. Elle redoubla d'efforts dans ces leçons, aidée par son précepteur. Bien vite, elle devint une épéiste aguerrie. Malheureusement, ce n'était pas assez pour attirer l'attention de ses parents et encore moins leur approbation. Son impression d'être une laissée pour compte grandissait, en même temps que son désir de faire les choses parfaitement, d'être remarquée, aimée.

Elle s'engagea dans l'Ordre du Dragon a l'âge de quinze ans, en partie pour trouver sa voie, et en partie pour échapper au carcan familial.
A partir de ce moment-là, son ascension dans les rangs de l'ordre fut la seule chose a laquelle elle se dévoua. L'Ordre devint un parent, au détriment de ses relations avec sa véritable famille. Et il comblait le trou béant présent dans sa vie, un vide qu'elle ne s'expliquait pas, mais dont elle essayait de s'échapper tant bien que mal. Elle s'entrainait obstinément, parfois jusqu'à l'épuisement, et devint rapidement une épéiste aguerrie, perfectionniste.

Un élément tel que Schala, docile et respectueux de sa hiérarchie, suivant les ordres sans trop se poser de questions, était idéal pour l'Ordre, et on l'assigna donc a des missions de plus en plus importantes. La moitie des dites missions étaient plus là pour faire bonne figure et faire comme si l'Ordre prenait de réelles actions face au Marche noir auprès du grand public, mais Schala savait que la plupart de ces opérations n'étaient que de la poudre aux yeux. Consciente qu'elle risquait de payer cher sa carrière si elle ouvrait la bouche, elle resta donc silencieuse, comme toujours, et attendait de grimper les échelons.

Son avancée suscitait de la jalousie chez une partie de son régiment, qui au mieux la considérait comme une fille de riches voulant s'accaparer le pouvoir, et au pire, la prenait pour une parvenue. Quand a sa famille, son objectif était désormais de lui coller un époux avant qu'elle atteigne la trentaine, une date qui approchait dangereusement.

Malheureusement, les espoirs qu'entretenaient ses parents de voir leur fille se marier fondirent comme neige au soleil lorsqu'elle reçut finalement une promotion de Grand Gardien à la brigade de Psythé. Un poste plutôt calme, étant donne le peu d'activité criminelle du district, ce qui donnait fatalement lieu a des gardiens qui se tournaient les pouces pendant le plus clair de la journée... Enfin, ça, c'était avant que Schala n'arrive. Et avec sa nouvelle promotion et la légitimité qu'elle lui accordait, l'envie d'aller voir ce sur quoi le Conseil fermait les yeux se faisait de plus en plus forte...