où il est question de fées en bocaux ( ft éléa )

il faisait frais en cette matinée brumeuse. les températures descendaient à vue d’œil, sans être insupportables, mais elles annonçaient clairement la couleur de la saison bien plus froide qui se profilait à l'horizon. gareth avait posé sur ses épaules une cape au tissu épais et chaud, dont il affectionnait particulièrement la couleur : un vert profond, presque noir, parfait pour passer inaperçu dans les zones boisées.
il grommelait en enfilant ses chaussures, incertain de ce qu'il avait accepté de faire pour aujourd'hui. la mission était relativement simple, il devait tenir son rôle de protecteur auprès d'une des exploratrice - éléa. mais il était indubitablement persuadé que les choses n'aillaient certainement pas se passer comme sur des roulettes de charrettes.

arrivé au QG, il passa par l'administration pour poser les quelques papiers correspondants à la requête et à l'acceptation de la mission. ces formalités faites, il entreprit d'attendre la jeune femme, assis sur les marches du grand bâtiment.
gareth eut le loisir d'observer des recrues en pleine session d'entraînement matinal, le rappelant à quelques souvenirs personnels. il touche machinalement son bras gauche du bout des doigts où, sous l'épaisse couche de vêtement, saillait légèrement une fine cicatrice, résultat d'une malencontreuse estafilade offerte par l'un de ses partenaires d'entraînement.
le souvenir de la bagarre qui avait suivit cette maladresse était presque devenu un bon souvenir.

il fit un geste de la tête bref pour saluer von rosenberg, se demandant encore et toujours d'où provenait l'énergie de cet homme.
gareth finit par se demander où est-ce que l'exploratrice pouvait bien être passée..
ils avaient un trajet long d'une poignée d'heure pour arriver jusqu'à la zone des jardins sauvages, et il espérait encore pouvoir rentrer chez lui avant la tombée de la nuit ce soir.

il l'entendit avant de la voir et grommela quelque chose pour lui même à propos de la ponctualité. pris au dépourvu comme à son habitude, il la laissa faire quelques secondes avant de retirer la main brusquement. un pas de côté lui permit de se ré-approprier son espace personnel, encore que le chasseur considérait qu'elle se trouvait toujours trop près dès lors que sa queue augmentait significativement l'espace que la jeune femme envahissait autour d'elle.

―Dwirl, si tu me prends encore la main comme une petite fille, je te la coupe.


l'agacement rendait sa voix plus grave qu'elle ne l'était déjà. il enfonça à desseins ses bras sous sa cape. une fois sûr de n'avoir laissé aucune prise pour les accès impromptus de besoin de contact humain de l'exploratrice, il se détendit un peu, son souffle devint régulier, plus adapté à la marche qu'ils entreprenaient. son sac pesait peu ses épaules, considérant le fait qu'ils ne seraient dehors que pour un, voire deux jours.

ils mirent déjà un certain temps avant d'atteindre l'avant-poste. la température atteignait à nouveau un niveau raisonnable, et gareth recommençait à sentir le bout de son nez. il salua au passage un autre chasseur - quelqu'un avec qui il avait récemment travaillé.

― il faut aussi qu'on passe par la baraque pour récupérer quelques affaires. ensuite on va se mettre d'accord sur le chemin qu'on prend et sur là où tu veux aller exactement.

il n'attendit pas vraiment de réponse, continuant d'avancer vers le grand bâtiment.

ils étaient déjà à mis chemin de l'imposante bâtisse quand la jeune femme se stoppa - et stoppa le chasseur avec elle en empoignant son vêtement. il serra les mâchoires derrière ses lèvres closes et vint pincer l'arrête de son nez entre ses doigts. un long et lourd soupir s'échappait de sa bouche tandis qu'il reportait enfin son seul œil valide sur la jeune femme qui l'accompagnait, restant interdit devant son simulacre de courroux.
il ne possédait pas d'inimitié réelle contre sa collègue, mais elle rendait les choses toujours plus compliquées pour gareth qui, incapable la plupart du temps de saisir ce qui lui passait par la tête, se trouvait toujours fort dépourvu dès qu'il lui fallait discuter.
d'autant plus qu'il avait toujours la désagréable sensation qu'elle en l'écoutait jamais qu'à moitié...

aller tout droit ?  sérieusement ?

il ne sut quoi répondre de plus, y avait-il seulement une réponse à donner quand la personne avec qui vous vous entreteniez était déjà partie... il soupira de nouveau et remonta le reste de la piste pour se poster à l'entrée et attendre que la petite dame revienne.
c'est avec un certain étonnement qu'il la vit réapparaître, ne portant rien d'autre qu'une sorte de...

éléa, un filet à fée ? non, je suis pas impressionné... quelqu'un t'as refilé une moustiquaire accrochée à un manche à balai bordel.

il était tout bonnement effaré par la naïveté dont elle pouvait faire preuve.
et le temps filait avec ça, de précieuses minutes. bouge pas de là. et sans lui laisser trop de choix, il entra dans la bâtisse. là il salua des têtes connues et jaugea les visages qu'ils ne reconnaissaient pas, puis à l'accueil, attira l'attention de la personne de garde.
une discussion s'en suivie, où gareth menaça des parties génitales et récupéra ses affaires dans une ambiance mortifère. l'homme s'excusa, justifiant sa bêtise par quelque chose comme "c'était pour rire", ce qui laissa le chasseur de marbre.

il ressortit avec un bardas plus épais sur le dos et lança à la jeune femme sa propre charge.

porte ça, ce sera pour si on doit dormir dehors ce soir.

son ton s'était légèrement radoucit. il était quelque chose entre désolé et agacé, peut-être même un peu amusé. mais pas un trait de son visage ne le trahissait.  les jardins sauvages donc. ce sera par ici, dit-il en désignant le nord-est. allons-y.