Inesh Makara - Professeur des OMBRES [terminé]

Petit monsieur d’1m60 qui ne fait absolument pas son âge (ou en tout cas se plaît à le croire), grâce à un skincare extraordinaire (il est riche) et à des gênes avantageux. Cheveux noirs presque jamais coiffés, yeux marrons foncés. L’angle de ses sourcils lui donne un genre d’air constamment désolé qui peut en exaspérer plus d’un, et lui ôte une grosse dose de crédibilité lorsqu’il tente de s’énerver pour de vrai (ce qui est rare). Conformément à sa taille et son occupation, il n’est pas très musclé, même s’il assure avoir un « cardio d’enfer » (sic). Sa corpulence est assez normale, tirant plutôt sur le mince que l’inverse. Peau sombre d’un bronzage typique de ce qui serait l’équivalent de l’Asie du sud est.

Niveau détails, porte des lunettes car toutes ces études lui ont dégommé la vision. Heureusement, comme il est expert en instillation, il peut ajuster sa correction assez facilement, et c’est très pratique. Couvert de tatouages des épaules jusqu’aux poignets, ainsi que sur l’intégralité des jambes, ils sont le résultat d’années de décisions bonnes ou mauvaises de se recouvrir de motifs qui représentent parfois des événements, parfois rien à part avoir l’air cool. Niveau vestimentaire, malgré son niveau de vie indécent pour la plupart des vrais gens, il est assez classico-sobre. La plupart du temps, au travail, tout simplement ce qu’il est approprié de porter avec une blouse. Une chemise légèrement froissée, un maillot un peu habillé, ce genre de truc ordinaire ; combiné avec un pantalon de travail. L’alchimie ça tâche ! Dans la vie de tous les jours, la seule chose qui le sépare du commun des mortels niveau goût vestimentaire est la qualité extraordinaire de ses vêtements. Evidemment, quand on a son budget, même si on a aucun sens du style, on ne peut pas ressembler à un sac à patates.

Rebelle prudent – petite personne énervée – Bourgeois sûr de lui – Chercheur curieux – Très social – Tolérant centre gauche (oui il est pas fort en politique)


S’il fallait résumer Inesh en quelques mots, ce serait : nique le système, mais pas trop quand même. Dans cette courte phrase aux propositions apparemment contradictoires, on résume à peu près ce qui fait ce qu’il est aujourd’hui. Depuis toujours, il a du mal avec les règles et les régulations. Il trouve que celles qu’on impose sont nulles, illogiques et injustes et préfère faire avec son jugement personnel. Toutefois, son éducation dans un milieu très aisé lui a fait comprendre qu’il y avait des règles avec lesquelles on ne pouvait pas transiger ouvertement et qu’il fallait faire des compromis si on ne voulait pas perdre les privilèges qu’on avait accumulés. De ce fait, bien que le bougre soit du genre « chaotique bon », il n’est pas totalement prêt à tout sacrifier pour sa cause. Il n’y va que dans la mesure où son confort personnel est assuré et qu’il peut supporter les conséquences de ses actes.

Cela fait de lui quelqu’un d’assez prudent, qui, s’il peut avoir l’air d’agir impulsivement parfois (comme pour ses tatouages à l’époque par exemple), ne le fait que dans la limite du cadre qu’il se sera imposé. Ce serait comme faire « tapis » au casino sans avoir de main, un acte qui semble risqué et insensé, tout en étant déjà plein aux as. Il n’y a aucune conséquence à assumer derrière, donc on peut se le permettre. C’est un peu sa philosophie, du coup. Cela se retrouve dans beaucoup d’aspects de sa vie : que ce soit à l’Académie où il peut passer pour un prof assez cool parce qu’il ne risque rien à ne pas être aussi élitiste que ses collègues tant que ses élèves sont compétents et qu’il ne critique pas trop le système ; ou que ce soit à Ouroboros, où il n’a pas encore pu se résoudre à donner des cours clandestins car le risque serait trop grand pour lui.

Au delà de ce cadre général, de manière plus précise, c’est une personne au naturel curieux, qui le rend doué pour la recherche et son travail, doté d’une patience sélective (tant que l’attente est à propos de quelque chose qui l’intéresse ça va) et relativement social. Éduqué aux codes sociaux de la haute société ET passant du temps à Ouroboros, il peut s’intégrer dans beaucoup de cercles sociaux sans problème, et a le tempérament pour supporter les propos de ses pairs, qu’il soit d’accord avec eux ou non. On pourrait appeler ça de l’hypocrisie, et ce serait sans doute vrai, mais Inesh préfère dire que c’est de l’instinct de préservation. Inutile de se froisser avec ces gens pour rien : leur temps viendrait. Et, si c’était possible, tel le Guépard, il garderait une bonne place dans la « société d’après », parce qu’il avait été cool. Il a aussi tendance à s’agacer rapidement lors de contretemps, probablement à cause de sa petite taille.

Enfin, à cause de et/ou grâce à son éducation, il est conscient de certains traits de sa personnalité qu’il essaie tant bien que mal d’effacer, avec plus ou moins de succès. Il est très sûr de lui notamment en ce qui concerne l’alchimie et son travail, et a énormément de mal à accepter qu’il aurait fait une erreur dans quelque domaine que ce soit. Quand il essaie de se corriger sur ce point, ça sonne très très faux car il n’a pas l’air convaincu du tout. Il SAIT qu’il ne peut pas tout savoir donc il pourra dire : « Oui, c’est toi l’expert, yup, tu as raison, totalement, pas de soucis » mais on VOIT dans ses yeux que ça dit : « je ne te fais absolument pas confiance, je pense que j’ai raison, mais je vais éviter le conflit en te concédant le point », ce qui peut être très énervant. Par contre, en prenant à revers son éducation, il n’a pas d’a priori sur les gens concernant leur quartier d’origine ou leur statut social. Il y met un point d’honneur. Bon, il se considérera quand même plus compétent qu’eux s’ils le contredisent mais ce sera juste parce qu’il est comme ça avec tout le monde et non de la discrimination !

« Qui peut me donner les éléments principaux nécessaires au renforcement de l’acier dans une instillation classique ? »

Le professeur, depuis son pupitre, lunettes sur le nez, balaya l’amphithéâtre d’un regard relativement blasé. Ces élèves, pour la plupart assez corrects sans être brillants, en étaient à leur deuxième année, et commençaient à vouloir se spécialiser. On leur enseignait un peu plus que les bases, mais le strict nécessaire. On n’avait pas que ça à faire que de donner des cours avancés à des gens qui ne remettraient jamais les mains sur la discipline. La question n’était pas plus compliquée que ça, mais seules quelques mains se levaient vaillamment. Il faut dire que l’enseignement était rigoureux, et que les mauvaises réponses pouvaient coûter cher, tandis que les bonnes ne rapportaient pas grand-chose.

« Oui, premier rang ? Allez y. »

L’élève se mit à réciter consciencieusement…

Plus tard, le cours terminé, le professeur se dirigea vers son bureau, où il s’affaissa sur une chaise plutôt confortable. Une tonne de paperasse devant lui, la tête dans la main, il rêvassa un moment sur ce qui l’avait amené là…

Inesh. Le nom donné à l’aîné de ce qui serait une fratrie de trois enfants. Éducation dure d’une famille très, très bourgeoise. Viktar Makara, le patriarche, se targuait de pouvoir retracer ses racines jusqu’à avant la fondation de Khemeia. Il aime à dire qu’un de ses aïeuls aurait fréquenté Bérylie den Verith, même si c’est invérifiable. De toute façon, personne ne l’aurait contredit en face : alchimiste de renom et très bien placé dans la guilde, s’en faire un ennemi aurait été une folie. Quant à sa mère, Rani, elle était d’une bonne famille, même si un peu moins fortunée. Absolument pas en reste au niveau du talent alchimique, ils s’étaient rencontré dans un cercle très select des meilleurs élèves de l’université, ne s’étaient jamais séparés depuis, et n’avaient eu aucun mal à préserver l’honneur de la famille.

Pour en revenir à Inesh, donc, son éducation avait était très stricte. Premier enfant d’un couple élevé « à l’ancienne », ils avaient reproduit les codes qu’ils connaissaient à la lettre sur lui. Pas de bol pour eux, ça avait moyennement marché. Inesh était un enfant curieux et qui aimait beaucoup apprendre, mais qui avait beaucoup de mal avec les règles et l’autorité. Que ce soit à l’école publique, avec son précepteur privé ou avec ses parents, il avait passé toute son enfance à défier leur autorité, faire beaucoup de « bêtises », ne pas se tenir calme, et, en somme, les exaspérer très fort. La seule raison pour laquelle il n’avait pas été abandonné dans un coin, déshérité et effacé des registres de la famille était que, malgré son goût pour lé défi, il était très bon alchimiste. Dès son plus jeune âge, il avait démontré un grand intérêt pour la discipline et les moments où il pouvait en apprendre plus étaient les seuls où il se tenait à peu près en place.

De toute façon, dès ses 5 ans, sa mère avait eu un deuxième enfant et l’intérêt de ses parents s’était reporté sur ce deuxième fils, plus sage. Inesh avait fait une très mauvaise première impression qu’il n’avait jamais pu réparer malgré ses efforts. Aujourd’hui, en se repassant les souvenirs de son enfance, il ne voyait que les regards froids, les brimades, et l’amour que recevaient son frère d’abord, puis sa sœur à sa naissance un peu plus tard. Ce ne sont que les apparences, en société, qui purent le sauver : il devait être exemplaire quand même, donc il devait devenir un bon alchimiste. On avait suffisamment honte de lui déjà comme ça, s’il avait en plus été médiocre la famille Makara aurait été la risée de tout Oothé !

Malheureusement pour eux, on n’arriva jamais à soigner Inesh de cette curieuse maladie qu’était la rébellion. Peut être était-ce pour arriver à quémander le peu d’attention que son père pouvait lui accorder, ou alors peut être qu’il avait juste pas envie de se plier aux règles. Il n’avait jamais vraiment fait d’introspection sur le sujet, donc qui sait. C’est ainsi qu’il se fit tatouer malgré toutes les interdictions de ses parents, et qu’il se mit à l’instillation, sa matière préférée, alors que son père voulait en faire un successeur, comme le veut la coutume, de sa propre matière fétiche, le démantèlement.

C’est d’ailleurs ce qui mena au tournant de la carrière de cet enfant rebelle. Comme son père, il fut invité dans certains cercles, à l’académie. Pas les mêmes, toutefois… Ayant vu en première loge l’arrogance des plus grands de cette société, il aurait voulu pouvoir faire quelque chose ! Mais quoi…

D’une part, c’est ce qui l’a poussé vers la voie de professeur. Ce n’était pas gagné, et ça ne l’est toujours pas, vu qu’être professeur c’est suivre des règles très strictes et les imposer à ses élèves. Mais au moins il pourrait donner une chance à ceux des moins-fortunés-mais-qui-peuvent-quand-même-payer-l’académie d’avoir leur accréditation et une chance de s’élever dans cette société.

D’autre part… C’est comme ça qu’il découvrit ceux qui peuplaient encore Ouroboros.

Le monde des ombres, les pseudo-alchimistes, les non accrédités, le marché noir… Il découvrit qu’il pouvait avoir accès à tout ça. S’y rendre, s’y faire des contacts et… presque parler librement. Il était rebelle, pas idiot. S’il parlait trop, s’il faisait trop peu attention à ce qu’il y faisait, il savait que certains ne seraient pas contre se servir de lui contre ses parents, ou le faire chanter. Mais il régnait là dessous un genre de code qui faisait que tant qu’on emmerdait pas le monde, on était un peu protégé aussi. Un accord mutuel, pour le bien de la « société secrète ».

Ici, il pourrait faire la différence. Ici, il pourrait briser tous les interdits.

C’est à l’Académie que, comme ses parents jadis, il rencontra la femme qu’il épouserait plus tard, ce qui finit de l’aliéner par rapport à sa famille. Il avait quelque chose comme 25 ans lorsqu’ils se rencontrèrent. Moins chanceuse que lui, elle n’avait pas intégré l’académie dès 14 ans et avait eu un peu plus de difficultés pour terminer ses études (la faute à l’absence d’un précepteur privé de talent et au fait de devoir se soucier de comment avoir l’argent pour l’académie ET manger) ; mais Inesh ayant continué à fréquenter l’Académie après avoir rejoint un atelier de renom pour des raisons de recherches, leurs chemins purent se croiser.

À partir de là, l’ordre naturel des choses prit son chemin, et les mena à leurs places actuelles. Inesh fut viré de la maison familiale, mais il avait suffisamment d’autonomie financière pour continuer à vivre à Oothé. Sa compagne finit ses études et, étant un alchimiste correct sous tout rapport, ils purent collaborer pour contribuer à la renommée de leurs ateliers respectifs. Leur mariage fut un jour magnifique pour eux deux, bien que la famille d’Inesh n’y fut pas présente. Ses recherches furent remarquées et on lui proposa de continuer à venir à l’université pour devenir professeur d’Instillation, ce qu’il accepta avec plaisir.

Quant au côté plus sombre, son accès privilégié à pas mal de documents lui permettaient de faire circuler à Ouroboros, en nombres très limités, à des personnes très limitées, en essayant de cacher tant bien de mal son identité, des copies de manuels légèrement désuets d’alchimie, pour ne pas éveiller trop de soupçons. Vu à quel point les règles sur l’apprentissage de l’alchimie sont strictes, si cela se savait… Il risquait très, très gros. Durant toutes ses années de fréquentation plus ou moins grande du marché noir, il n’avait que très peu pris cette initiative. Trop dangereux… Finalement, lorsque son emploi du temps le lui permettait, il réalisait également des instillations sous le manteau dans des ateliers de fortune d’Ouroboros, avec ce qu’il pouvait réunir comme ingrédients. C’était sa manière d’amener l’alchimie aux moins aisés de la cité, et à ceux qu’il considérait en avoir besoin et le mériter. Il n’avait absolument rien contre les demandes de sabotage non plus, si la raison qu’on lui donnait le satisfaisait.

Tout ceci lui monta malheureusement à la tête. Il n’en parla pas à sa femme, qui à son tour se mit à se méfier de lui. Toutes ces absences mal expliquées, les mensonges découverts sans réelle excuse derrière… Elle ne comprenait pas. Quand elle découvrit ce qu’il faisait réellement, elle ne put rester à ses côtés. Elle décida de ne pas le dénoncer, mais coupa les liens. C’était trop dangereux, ce n’était pas la bonne manière de changer la cité… Elle ne pouvait pas approuver. C’est donc avec amertume, mais sans réelle dispute qu’ils se séparèrent, pour le bien de chacun.

C’est là où il en était il y a quelques années de cela, et c’est là où il en est aujourd’hui. Qui sait où tout ceci le mènerait ? Peut être prendrait-il les devants et se mettrait-il à enseigner directement, clandestinement, à Ouroboros. Peut être continuerait-il simplement à profiter de son confort actuel, en révolutionnaire de fauteuil, ressassant ses échecs et la réprobation de sa famille, seul chez lui. Seul l’avenir nous le dira…